un oiseau fantastique perdu dans la ville ? cela est improbable.
surtout lorsque la première information donnée, pour une telle mission, c'est qu'il appartienne à ce pauvre citoyen démuni de moyens pour le retrouver. c'est étrange de faire autant de bruits pour un phénix, qui devrait être normalement apprivoisé ; mais zephyr s'en fiche un peu, son boulot reste le même, et il ne refuse rien, même pas quand la situation risque de s’aggraver.
bien au contraire, c'est ce qui le stimule le plus : quand il y a un de danger, c'est toujours plus attirant pour lui ; et c'est pour cette même raison qu'il s'est – encore – fait une beauté aujourd'hui.
zephyr sans cuir, ni talons aiguilles, ce n'est pas lui : cheveux blonds irisés resplendissant dans l'air, highlight sur les pommettes, baume rosé sur les lippes, une vraie starlette si vite confondue à une jeune demoiselle. mais c'est toujours pareil quand il ouvre sa bouche, c'est une voix rauque qui en ressort et qui résonne. un véritable choc, et c'est pour cela qu'autour de lui il y a des grands yeux ronds – pas besoin de deviner qu'il attire totalement l'attention.
il reste calme en compagnie de ses camarades de mission ; il t'adore GHOST, il a écouté tous tes titres – quelle artiste talentueuse que tu es ! c'est clair, il t'admire réellement. et puis, tu joues parfaitement bien ton rôle, que lui-même est persuadé du masque que tu portes... peut-être qu'après avoir attrapé l'oiseau de feu, il te demandera un autographe ?
mais toi, kenzo, il sait qu'il doit s'méfier – mais c'est pas son p'tit doigt qui le dit, c'est que tu parles déjà beaucoup trop. et c'est inquiétant pour lui, tout ce que tu dis ; il commence déjà à sentir sa poitrine se compresser à l'idée d'être séparé de vous.
du calme, c'était peut-être que des mots, non ? pourtant, les lèvres pincées, zephyr se fait déjà plein de films où il se perd, où il angoisse. toutes ses missions, il les effectue accompagné ; là, il est vraiment prêt à vous faire confiance. pas à se retrouver seul.
si on se sépare... la mission va échouer. c'est franchement balancé, mais au moins il a l'honnêteté de le dire. parce qu'il sait que ça pourrait être vrai. zephyr tout seul, n'est qu'un poids, n'est plus rien - son courage disparaît aussitôt.
mais le blond peut tenir bon encore, pour l'instant. il espère sincèrement que vous approuverez ses dires, pour ensuite passer à autre chose.
mais voilà que tu décides d'en rajouter une couche kenzo ; mais quelle chance, car ce pique-là, zephyr le prend plutôt bien. en passant une main dans sa chevelure, un sourire s'étire sur ses lèvres.
vous allez tous parier sur moi, c'est certain. il reprend sa respiration juste après avoir lâché une légère risette. mais je prendrais ça pour un compliment...
il est touché zeph, quand on lui fait des remarques sur son apparence ; c'est le but, non ? d'attirer le regard sur lui, peu importe si vous aimez ou non, ça fonctionne parfaitement. c'est de cette manière qu'il fait le show.
la douceur sur son visage se transforme petit à petit ; c'est comme si était déjà bercé par la détermination. il déambule les environs comme s'il improvisait des pas de danse en rythme avec la chanson qu'il a en tête – certainement celle qu'il chantera pour calmer la bête...
alors, où es-tu petit être céleste qui, tout comme moi, brûle d'impatience... ? il chantonne, en faisant naître de toutes étincelles bleues du bout des doigts. une vraie diva en quête d'aventure...

il est vrai ; zephyr aurait voulu se promener ici, seulement pour faire le tour de toutes les boutiques de mode, et acheter une nouvelle paire de talons, un sac branché et surtout, une sublime veste sombre en vinyle – de quoi remplir davantage sa garde-robe.
pourtant, il a toujours été doué pour séparer le personnel du professionnel, et actuellement, c'est surtout son envie de briller qui reprend le dessus. une vraie étincelle qui éclose d'adrénaline quand il s'agit de partir en mission – évidement, toujours accompagné... sinon ce serait une catastrophe ; et sa popularité en paierait le prix.
mais à vos côtés, zephyr ne semble pas intimidé ; la confiance règne dans son âme, et l'énergie circule dans son corps petit à petit, l’entraînant à lever la tête pour observer l'oiseau de feu qui remplace le soleil.
peu importe si toi, violet, tu ne sembles pas prête à capturer le spécimen rare, parce que de toute façon, c'est ton autre partenaire blond qui s'élance en premier, beaucoup trop certain, alors que lui s'amuse encore à se pavaner, en observant les flammes danser dans ce paysage urbain.
zeph aimerait bien rire de l’échec de son camarade, mais c'est trop impoli – tu as fait de ton mieux.
alors, il se tourne alors vers toi, le petit fantôme aux gestes théâtraux. tu n'as pas l'air encore sûre, alors le blond, du haut de ses talons, sourit honnêtement et prend le relais qu'on lui tend.
vous permettez que j'essaye ? demande t-il en se mettant devant vous.
il voit alors les flammes de l'oiseau s'affoler lorsque celui-ci bat des ailes. quand ses lippes s'ouvrent, il entame son chant, d'une voix profondément grave, astrale, et remplie d'une chaleur qui naît sous forme de brasier bleuâtre et se marie parfaitement avec celui du phénix. une valse entre les flammes s'opère puis s'assagit au fil de la chanson.
l'oiseau se pose en hauteur, enfin apaisé, et ça, c'est certainement grâce à cette harmonie entre le chant et le feu. il manquerait plus que quelqu'un puisse attraper le petit être fantastique, et le tour est joué, non ?
en tournant sa tête vers vous, la chevelure blonde de zephyr virevolte dans le vent au rythme des flammes, comme un spectacle inattendu. il semble fier de son coup, mais il ne s'en vente pas trop non plus.
profitons de cette occasion pour faire quelque chose d'intelligent, non ?
ses braises se calment, et c'est bien dommage, car elles sont parfaites pour faire le clou du spectacle. pourtant, il sait qu'il faut surtout éviter de gros dégâts dans la ville. c'est pour cette raison majeure que vous et lui, faites un tel boulot.
vite, avant qu'il ne s'échappe ! souffle-t-il en pointant l'animal plumé de son index.
zeph croit dur comme fer que vous interviendrez assez vite avant que ce phénix ne retrouve la folie et continue à faire la pagaille dans le quartier sud de cosmédia...

tes applaudissements, chère partenaire, semblent bien flatter le blondinet qui, avec grâce, fait une révérence pour rajouter du raffinement à ses gestes. mais des compliments de ta part, kenzo, c'est plus délicat – voire complètement impossible. zephyr ne t'en veut pas, même s'il y a de la jalousie dans l'air, il met de côté sa subjectivité, et même si ton comportement donnerait à n'importe qui l'envie de te détester, il sait très bien qu'il faut rester professionnel, surtout dans un moment pareil.
violet, tu parles bien de malchance, et bien peut-être que le blond a absorbé cette once de poisse, alors qu'il était vraiment animé par un feu ardent dans tout son corps – mérite-t-il une telle punition ?
parce qu'il est vraiment prêt à continuer ses vocalises de plus belle ; pas seulement pour montrer de quoi il est capable, il veut simplement en finir vite avec cette mission ; et il a l'impression d'avoir sur les épaules un fardeau très lourd à porter : celui de la réussite.
pourtant, alors que tes derniers mots, kenzo, atteignent son cerveau, zephyr approuve avec cette impulsivité doucereuse – il perd déjà patience. on sait tous que le piranha boit uniquement de l'eau salée... marmonne t-il de façon mystique.
une idée alors traverse son esprit : la pire. c'est en faisant sa plus belle highnote qu'il semble avoir acquis des ailes, mais ce n'est qu'une énorme explosion de flamme qui le propulse vers le volatile. zeph exécute son dernier refrain, en espérant qu'il puisse capture la bête.
mais en vain, car le phénix ne veut rien savoir ; il a été certainement très mal élevé... parce que ses serres choppent aussitôt les poignets fins de l’interprète, tout en perçant sa chair violemment.
un silence – le chant s'est mis en pause. une simple contre-attaque a suffi pour le faire taire. le brasier de l'oiseau est beaucoup plus intense, car les flammes de zephyr se sont éteintes. propulsé dans les airs, son corps enveloppé dans du cuir noir luit dans la lueur enflammée du phénix. comment un tel animal peut rivaliser aussi facilement avec un humain ? peut-être qu'il est trop faible en réalité... une vérité qui brise tout.
le voici enfin par terre, comme un déchet. il a échoué, perdu, et sa vision se trouble, alors qu'il se sentait capable de tout, alors qu'il était prêt à vous aider, à faire de son mieux, à mettre de côté vos dires immatures. vous êtes pardonné, mais lui alors ?
il est recalé.
le visage abîmé contre le bitume, zeph se rappelle qu'il aurait vraiment préféré passer du bon temps ici, à faire l'intégralité des magasins, juste pour le plaisir, et pas pour prendre le risque de mourir.
regardez-le, il semble misérable, étalé sur le sol, en perdant connaissance ; il se sent médiocre, et le pire dans cette histoire, c'est qu'il n'est pas certain de l'avoir mérité...
ses paupières se closent enfin ; c'est le trou noir. plus besoin de revenir sur le champ de bataille, parce qu'il est hors-jeu désormais.
c'est un bel échec.